PAX MUNDI
Henry, jeune aristocrate, vit seul dans son appartement parisien du Palais Royal. Un matin, lors de l’exposition des carrosses royaux à Versailles, il est mystérieusement transporté dans le passé et se retrouve en 1825. Incarné en un jeune doreur sur bois, il prépare le carrosse du roi pour le sacre à Reims.
Que fait-il là ?
Pourquoi ?
Prison temporaire ou définitive ?
S’esquissent alors des épreuves initiatiques.
Son destin est lié au destin de la France et du Monde.
Dans quel but ?
Un secret… Des frères-gardiens venus d’un autre monde…
À travers la France de l’époque, le périple d’Henry nous révèlera bien des secrets…
LES PREMIERES PAGES DE PAX MUNDI :
CHAPITRE 1 – INVITATION
De nos jours
Henry accélère le pas. Ce matin, il n’est pas en avance pour se rendre au travail. Impeccablement soigné dans son costume de marque, il ressemble à ses milliers de confrères stéréotypés. Comme un automate, il déambule dans les couloirs du métro parisien parmi une foule hétéroclite. Le trajet domicile-travail est gravé dans sa mémoire ; il pourrait quasiment le faire les yeux fermés. Toutefois, il est embrumé par une mauvaise nuit de sommeil. Il s’est couché tard voire trop tard et ce n’est pas son habitude. Impossible pour lui de dormir. Pourtant, rien de devait normalement contraindre cette belle nuit de pleine lune. À part le cri des loups-garous… Et comme il n’y en a pas dans le centre de Paris, c’est peut-être autre chose. Mais quoi ?
La veille, il regardait, en deuxième partie de soirée, un reportage sur les carrosses royaux entreposés dans une aile du château de Versailles. Magnifiques vestiges d’une époque révolue faisant partie intégrante de l’Histoire de France. Au XIXème siècle, la République supplanta définitivement la Monarchie et l’Empire. Et, paradoxe des paradoxes, elle lui rend maintenant hommage en entretenant ce patrimoine royal jugulé à l’aura mondiale du château de Versailles siège antique du pouvoir depuis Louis XIV dit le Roi Soleil. Alors, reste-t-il des gênes royalistes dans le sang des français ? Nostalgie ou avant-garde ?
À la station « Concorde », Henry prend sa correspondance en direction du septième arrondissement où se trouve son poste de fonctionnaire au sein d’un ministère. Curieusement, il découvre un panneau publicitaire vantant les magnificences de Versailles et, à titre exceptionnel et de façon temporaire, la visite de la Grande Écurie et l’aile aux carrosses royaux. « Versailles vous attend », accroche simple et efficace. Comme piqué à l’âme, il est, cette fois-ci, bien réveillé. Furtivement, il a juste le temps de remarquer un tag raturant l’affiche « Le Roi est mort ! ». Sans plus, il continue son chemin. L’heure tourne vite. Il ne sera pas le premier au café-briefing du matin.
Le soir, en faisant le chemin inverse, il est attiré inconsciemment par la même affiche. Cette fois-ci, un partisan royaliste a rajouté « Vive le Roi ! ». Décidément, l’anecdote est plus que symbolique. Dire que c’est au même endroit, à quelques mètres près, que le Roi Louis XVI a perdu la vie le 21 janvier 1793, il y a plus de deux cent vingt ans déjà. « Je crois bien que je vais y aller ce week-end » se dit-il, songeur.
Henry est un jeune trentenaire, grand, blond et élancé. Naturellement d’un port altier, il vit paisiblement dans son petit confort aristocratique. Passionné de lecture et de musique classique, il apprécie les moments de calme et de détente dans son grand appartement de la rue de Valois donnant sur les jardins du Palais Royal. Il y a pire comme lieu de résidence dans Paris. Donation familiale qu’il n’a pas méritée à la sueur de son front ; il est né avec une cuillère en argent dans la bouche. Mais, personne n’en voulait. Et comme il est le seul à habiter et à travailler dans la capitale, alors pourquoi refuser un tel cadeau ?
Hormis le travail car il faut marquer son indépendance et son autonomie financière, il ne côtoie aucunement le sérail de la petite aristocratie qui fait souvent la une des magazines « people », torchons de voyeurisme souvent bien différents de la vérité. Point de « rallyes » non plus en vue d’une belle fiancée et d’un éventuel mariage plus ou moins arrangé se profilant à l’horizon. La consanguinité n’est pas son fort. Il laisse cette futilité aux autres pseudo-prétendantes attirées par tout le clinquant brillant faussement vrai sous les projecteurs d’un petit monde au quant-à-soi. Et de surcroît animé par un présentateur de télévision fort connu qui rêverait d’être anobli en intégrant définitivement cette caste bien étrange à certains égards. Une utopie de plus dans le monde du paraître. Henry a tout le temps de trouver l’âme sœur. Encore, faut-il la chercher ; ce n’est pas son objectif principal. Non, il est simple dans son éducation. Et il compte bien le rester le plus longtemps possible. Certes, la fortune familiale et son rang dans la vieille aristocratie de France attisent les convoitises. Bien des courtisanes et courtisans cachés derrière une pseudo-morale chrétienne tournent autour de lui comme des mouches sur une bouse bien fraîche délice d’un repas savoureux. Pour certains, l’étiquette est importante ; l’image incontestable. Il se moque complètement de tout ce carnaval hypocrite. Son temps libre est exclusivement consacré à la lecture et à la musique. Sa promenade parisienne se cantonne au quartier, au Louvre et au jardin des Tuileries. Rarement, il s’aventure sur les Champs-Elysées et seulement jusqu’aux Petit et Grand Palais. Exceptionnellement, il franchit le Rubicon, la Seine, et se retrouve dans les sixième et septième arrondissements. À chacun son ghetto.