LA CARTE DE L'ELDORADO
La carte de l'eldorado est un roman de Claude Bourdoncle. Au lecteur de découvrir tous les indices laissés sur la carte par le frère Dominique qui le mènera à une cité d’Or.
Profitant d’un créneau dans son emploi du temps, l’écrivain et historien Clovis Bos va expertiser un tableau de famille avec son amie Kate Sinclair. Ils arrivent juste à temps pour éviter le vol de cette œuvre.
Ce fait divers va les entraîner à l’autre bout du monde, dans une course contre la montre, pour retrouver l’Eldorado, la cité légendaire, qui pourrait être localisée à l’aide de cette toile transmise, de père en fils, depuis des générations.
Au lecteur de découvrir tous les indices laissés sur la carte par le frère Dominique qui le mènera à une cité d’Or.
LES PREMIERES PAGES DE LA CARTE DE L'ELDORADO :
Prologue
Lima, le 26 juin 1541
« Protège mon héritage » entendit le frère Dominique alors qu’il faisait un signe de croix au-dessus du corps de son ami Francisco gisant sur le sol.
Il avait prononcé ces paroles d’une voix faible, presque inaudible.
Sa fin était proche, il ne lui restait que quelques minutes à vivre tout au plus à cause des nombreuses blessures reçues lors de son affrontement avec les « Amalgristes », les partisans de Diego de Almagro « El Mozo » (le Jeune).
L’homme de Dieu savait qu’il ne pouvait plus rien pour son ami. Ses poumons étaient probablement perforés et son sang s’échappait de façon continue, de l’artère sectionnée de son bras droit, pour se répandre sur le sol.
Il décida de l’accompagner jusqu’à la fin et de lui donner le dernier sacrement.
Les sens de Francisco se brouillaient, il voyait défiler des épisodes de sa vie. Il avait entendu tant de choses ces dernières années, en accompagnant ses compagnons d’armes mourants et s’était toujours demandé s’ils ne divaguaient pas lors de leurs ultimes moments de vie.
Etait-il déjà dans les bras du Seigneur ou délirait-il ? Ne pouvant répondre à cette question, il s’abandonna pour vivre cette expérience et commença à revoir certain passages de son existence.
Il reconnut d’abord l’odeur du linge lavé par les lavandières. Enfant, en Espagne, il aimait suivre sa mère au lavoir du couvent. Vint ensuite le son du linge jeté dans l’eau, retiré une fois rincé puis tordu par ces femmes aux chemises blanches avec leurs manches retroussées et ensuite frappé avec un battoir en bois afin de l’essorer le plus possible. Cette mélodie, le choc du bois sur le linge, accompagnée des rires et des chants joyeux des femmes avait bercé ses oreilles de nombreuses années. Que ce temps lui semblait loin. Il était si jeune.
Le bruit du lavoir fit place à celui des premiers champs de bataille où les épées s’entrechoquaient, les arquebuses crachaient leurs balles meurtrières et les chevaux chargeaient. Lui et ses compagnons d’armes s’activaient à ce cruel jeu d’attaque et de défense pour l’honneur de l’Espagne, leur pays.
Vint ensuite le brouhaha des repas festifs autour d’un feu de camp ou d’une grande table. Il entendait les langues se délier avec un bon vin de Galice et revivait le plaisir de ces moments conviviaux où se mêlaient aux conversations les senteurs et saveurs du terroir : ici le fumet d’un gibier faisandé, là l’odeur d’un ragoût de pois chiches ou encore les fragrances des tourtes parfumées avec ces arômes venus d’Orient comme l’anis, la cannelle, le cumin, le gingembre ou le clou de girofle. A son avis, ces épices furent un des raffinements incontestés amenés par les Maures pendant l’occupation d’une partie de l’Espagne dès l’an 711 de l’ère chrétienne.
Il embrassait maintenant Maria de Carmen, son amour secret. Personne ne fut au courant de leur idylle. Quelle était belle avec ses yeux verts, ses longs cheveux bruns, son sourire enchanteur, sa voix douce et ses baisers parfois tendres, parfois fougueux mais toujours enivrants. Enlacés, allongés sur l’herbe et entourés de coquelicots, il était encore étourdi par son odeur et la douceur de sa peau dorée par le soleil.
Face au roi Charles Quint, il se revoyait impressionné par sa prestance, l’organisation de son royaume et la splendeur de son palais. Francisco se rappelait avoir envié, à cet instant, le monarque et le faste de la fonction.
Les embruns de la mer lui giflaient à présent le visage alors qu’ils voguaient avec ses compagnons vers de nouvelles contrées. Durant la traversée, il se racontait de fabuleuses histoires comme celle du débarquement des conquistadors dans le nouveau monde le 22 avril 1519 près de l’actuelle Veracruz et de leur entrée dans Tenochtitlan, la capitale de l’empire Aztèque, le 8 novembre de la même année. Comme ses camarades, Francisco se rappelait avoir rêvé de gloire, de récompenses et de reconnaissance après avoir entendu parler de la conquête de cet empire par Hernan Cortes. Les conquérants évoquaient la plus magnifique ville qu’ils aient vue et l’or promis par l’empereur Moctezuma à Cortes et au roi d’Espagne chaque année à venir. Que ce temps-là paraissait lointain. Il avait vécu tant d’histoires depuis leur débarquement.
Puis vint la forêt, la sueur des marches interminables en se frayant un chemin à coup d’épée dans cet environnement vert, luxuriant. Il était émerveillé par toute cette beauté, la diversité de la faune et la flore. Malheureusement, ce sentiment laissa place à la dure réalité de ce pays. Cette beauté était parfois fatale. Insuffisamment préparés, ils furent parfois confrontés à des échecs et durent abandonner à la hâte des positions pour se replier. Certains de ses camarades périrent dans cette jungle contre les Indiens hostiles, leurs flèches et leurs lances. Mais le plus difficile fut la chaleur, l’humidité omniprésente, parfois le froid, les moustiques et autres insectes, les serpents, les araignées ainsi que la maladie qui s’ajoutaient à la lourdeur de leur équipement : coffres, cottes de mailles, épées, dagues, casques, petits canons avec leurs boulets et la poudre…
Atahualpa, l’empereur Inca, lui faisait maintenant face sur sa litière d’or portée par six robustes guerriers. Tout en lui évoquait un homme exceptionnel : sa prestance, ses habits fabriqués avec les tissus les plus précieux, son pectoral en or. Il y avait aussi l’ensemble de ses sujets dont les vêtements colorés illuminaient le paysage. Il se trouvait à Cajamarca, le fameux jour où sa vie allait changer. Il entendait les chants des indigènes et leur musique particulière qu’il apprit bientôt à apprécier.
Claude BOURDONCLE :
Passionné, féru de l’histoire et de la civilisation amérindienne, Claude Bourdoncle nous transporte au XVIème siècle pour découvrir les codes de la peinture de cette époque mais aussi nous présente les techniques de cryptage, utilisées jusqu’à cette période, pour déchiffrer le message indiquant la direction de la cité d’Or.
Avant de s’enfoncer dans la forêt amazonienne pour découvrir une tribu d’amazones, on apprend à connaître la fascinante civilisation inca qui fonctionnait sans monnaie mais avec la combinaison de deux principes, celui de la réciprocité et de la redistribution. Il évoque également leur mode de calcul, les deux formes d’écriture qu’ils utilisaient : les yupanas et les quipus (système de cordelettes à nœuds), mais aussi leur relation privilégiée avec la nature, et en particulier avec la Pachamama (la terre mère).
Largement détaillé, facile à lire, on découvre le Pérou d’aujourd’hui avec ses coutumes, sa cuisine, la culture et le mode de vie de ses habitants. Des anecdotes, sur l’utilisation de la feuille de coca, celle des glandes d’un crapaud ou des guêpes pepsis dans la forêt amazonienne, y apporte une note de vécu et de partage avec ces populations au cours de différents voyages.