Joyeuses garces !
"Jean-Marc Savary aime ces parfums qui donnent de l’âme aux choses . Ici, c’est à la femme qu’il rend hommage, comme il aime le faire avec saveur, tact et humour. Un régal."
VOILES
"Jean-Marc Savary aime ces parfums qui donnent de l’âme aux choses . Ici, c’est à la femme qu’il rend hommage, comme il aime le faire avec saveur, tact et humour. Un régal."
PUTSCH MAGAZINE
Peintre de la couverture : Patrick PRIOURET
LES PREMIERES PAGES DE JOYEUSES GARCES :
Bb adoré,
Je sais, on n’adore que Dieu mais toi tu es une exception !
Ce soir quand tu liras cette lettre, je serai en pensées tout contre toi, dans tes bras en train de te faire plein de câlins et de bisous.
Sache que tu comptes énormément dans ma vie, tu es quelqu’un d’exceptionnel et je suis heureuse de t’avoir rencontré.
Je te chérirai et je continuerai à t’aimer tant que tu voudras de moi.
Merci d’exister, je t’aime.
Elle lui a écrit ce mot, laissé sur son parebrise, un soir de décembre. « Tu ouvriras cette lettre ce soir, quand les étoiles brilleront dans le ciel ! » Et il est seul, ce soir de réveillon terne mais pas triste. Un moment de transition entre un passé qui expire et un demain qui peine à s’affirmer. Les dates sont parfois taquines ! Fin d’année qui se veut joyeuse alors que lui boit les ultimes gorgées d’un mariage qui s’évanouit… Il est là, dans la pénombre, le verre à la main, l’enveloppe devant lui tandis que dehors s’exprime un feu d’artifice sous les rires d’une foule joyeuse et glacée par des vents hivernaux. Contrastes partout, pour tous !
Elle est jolie cette lettre. Légèrement froissée, hâtivement coincée sous un essuie-glace, comme porteuse d’espoir, de bonheur, de promesses. Puis, il y a l’écriture. Hiéroglyphes profanes, compressés en lignes sages, pour accompagner la musique des mots. Ecriture qui lui ressemble. Fine et torturée, rapide mais volontaire, s’étalant de tout son talent sur la largeur de la page blanche. Elle s’impose mine de rien. « C’est la fin d’une histoire, Bb… Mais je suis là… Coucou, me voilà ! »
Cela encourage à passer un cap, à croire en l’autre, en elle, au lendemain. Il en faut peu pour s’illusionner et s’étourdir d’espoir. L’homme en a besoin pour éclabousser le quotidien de lumières vives, de couleurs criardes, limite vulgaires, pour se dire qu’elle vaut la peine d’être vécue cette putain de vie !
Il y avait eu l’autre femme aussi. Encore une lettre, toujours manuscrite, mais le papier est plus recherché, voire délicat. Façon papyrus et sable du désert. Symbole pour dire que tout s’inscrit dans l’avenir ? Ou seuls papelards qui traînent dans ses tiroirs ? A moins que cela ne souligne une élégance intemporelle ? Elle a déposé l’enveloppe directement dans la boîte aux lettres de l’entreprise, à l’adresse de son dirigeant…
Tu es présent dans mes rêves et occupes ma pensée…
La première avant même d’ouvrir mes yeux t’est adressée, ainsi que la dernière avant de les fermer, mais là, tu me suis dans les dédales initiatiques imposés par le sommeil et ses rêves qui n’en sont pas.
La totalité de ton Etre habite désormais en moi.
Je t’aime.
De quoi gonfler le moteur quand il lit cela. Là, c’est du sérieux, du costaud, du véritable. Au loin la course du désir et ses inévitables prouesses amoureuses, on mord dans le concret, le consistant, le truc qui bétonne ta vie, renforce tes artères et déblaie les routes !
Cocorico, l’amour inonde l’instant et noie le tracas ! Et il est content, le mec. Il y croit car elle est si belle, intelligente et si… prévenante, attachante, déroutante… Et puis les mots, les promesses, les caresses… Tout se conjugue avec douceur et détruit stress et doutes. Oui, cette fois, c’est la bonne, ça fusionne et fulmine au nirvana des sentiments ... Qu’est-ce qu’on est bien ! Qu’est-ce qu’il est con ! Enfin ça, il se le dit après. Après les passions éruptives qui explosent sur la brosse à dents ou dans le bol du énième petit-déjeuner.
Au début de l’histoire, les regards se soudent du matin jusqu’au soir, l’attente de l’autre est insoutenable, et je te prends la main, et je te susurre à l’o-reille, ou même, je dépose un délicat bisou à l’insu des autres, les affreux qui rôdent autour et perturbent le bonheur.
A la fin, elle s’isole sur son canapé ou au fond du lit, s’y enfonce comme un putois dans son trou, à s’user la vue sur son portable, à jouer bêtement aux cartes virtuelles, longuement, inutilement, pour se vider la tête et éviter de parler, d’échanger, d’aimer. Fuir dans l’immobilité. Un must !
Entre le prologue et l’épilogue, il y a la vie. Elle est féminine, elle aussi, et grignote les êtres gentiment, assurément, imperceptiblement pour qu’il ne reste rien des beaux serments, des envies charnelles et des projets à deux. Personne ne s’en rend compte, jour après jour, parce que factures, boulot, factures, week-end, factures, impôts, factures, décès, factures et encore factures. On n’arrête pas de payer et la facture finale solde le couple. On dissout tout et on recommence.
Bien sûr, heureusement, le démarrage de l’épopée grise et encourage, excite les cellules qui se frottent et se mélangent au gré des folies festives de la fesse. On confond sexe et cerveau, caprice et sentiment. C’est vrai ! Mais c’est bien ! Oui, c’est très bien ! Cela, au moins, donne du charme avant l’inévitable règlement de compte qui torpille les ultimes illusions… L’autre devient cible et les coups criblent le couple de peines.
Mais au début, au tout début, l’instant alchimique signe une réaction, une fusion nucléaire qui déchaîne sexes et sens, qui détache le temps de la norme et extraie deux individus du réel. La magie opère. Enfin du nouveau, du rythme et de la déraison. Bingo ! Tout s’accélère et réagit à l’envie. A l’envie de l’autre, cette apparition inattendue, mais aussi à l’envie de transcendance afin que s’illumine de vie les fluctuations floues d’heures trop sages. Les cellules se dopent et s’entrechoquent d’excitation. Drogue dure et dantesque qui te propulse dans le chimérique ! Formidable voyage qui t’emporte si loin, si haut ! Beaucoup trop tôt pour mesurer les dommages de ce poison tant le plaisir qu’il procure rétrograde le principe de précaution au fond du comprenoir sous des tonnes de certitudes. Fini le médiocre, l’étroit, le mesquin ! En avant l’aventure, l’Amour éternel et invincible ! Plus rien ne sera jamais comme avant…